Généralement, l'auteur d’une "œuvre de l’esprit" originale dispose seul d'un droit moral et des droits patrimoniaux sur sa création.
- Le droit moral permet à l'auteur de revendiquer la paternité de son œuvre et de contrôler la destinée de son œuvre en s'opposant à toute déformation, mutilation ou autre modification de celle-ci sans son autorisation.
- Les droits patrimoniaux confèrent à l'auteur et à ses ayants droit la possibilité d'obtenir une rémunération en contrepartie de l'exploitation de l'œuvre.
Il est par conséquent interdit d'utiliser l'œuvre d'un auteur sans son autorisation.
Toutefois, le Code de la propriété intellectuelle, en son article L.122-5, a ménagé quelques exceptions, notamment l'exception de "courte citation".
Pour que la courte citation soit valable, certains conditions cumulatives doivent être respectées, à savoir :
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La citation doit comporter le nom de l'auteur et la source ;
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La reproduction doit être à l'identique. L'œuvre ne doit être modifiée et dénaturée ;
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La reproduction doit être partielle et courte. La loi ne définit pas dans quelle mesure la reproduction est autorisée ni ne donne des précisions sur quelle portion de l'œuvre pourrait être reprise sans autorisation. Par conséquent, l'appréciation se fera au cas par cas en tenant compte du contexte, des usages, de la norme et de la longueur de l'œuvre citée, et bien évidemment de la forme et de la longueur de l'œuvre citant, au sein de laquelle l'extrait sera incorporé ;
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La citation doit être justifiée par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou informatif de l’œuvre à laquelle elle est incorporée. Donc la citation doit venir illustrer des propos présentés dans l’œuvre citante et porter sur l’œuvre citée.
Conclusion :
Si les quatre conditions sont remplies, vous pouvez utiliser un extrait d'une œuvre sans avoir à demander l'autorisation à l'auteur.
Si les conditions ne sont pas toutes remplies, il conviendra de demander l'autorisation au titulaire des droits ; à défaut de quoi l'auteur pourra agir en contrefaçon. En effet, la reproduction de l’œuvre sans autorisation de l’auteur est sanctionnée au titre du délit de contrefaçon pour violation du droit d'auteur.
Exemples :
- La séquence d'une dizaine de secondes d'un jeu vidéo ne constitue pas une courte citation (CA Paris, 5 octobre 2000, RG 1998/15937) ;
- Les extraits d'une dizaine de secondes repris d'un documentaire de 33 minutes, représentant 10% de la longueur totale de l'œuvre empruntée sont trop longs pour caractériser une courte citation (TGI Paris, 24 juin 2010, RG 09/01926) ;
- Incorporer des extraits d'un documentaire dans un film, sans l'autorisation des auteurs et sans mentionner leurs noms ne peut relever de l'exception de courte citation et porte atteinte au droit de paternité et à l'intégrité de l'œuvre lorsque en "voix off" du réalisateur accompagnaient les images empruntées (CA Paris, 9 septembre 2014, RG 14/00163) ;
- Des extraits de 30 secondes issus d'une chanson originale de 3 minutes, ne sont pas considérés suffisamment courts pour être des courtes citations (TGI Paris, 15 mai 2002, RG 00/0947). Par contre, six courts extraits de quelques secondes d’un spectacle insérés au sein d’un documentaire de 52 minutes pouvaient être considérés comme étant des courtes citations(CA Paris, 3 décembre 2003, RG 2002/00798) au même titre qu'un extrait de 2 minutes 52 secondes d'un film de 2h21 (CA Paris, 31 mars 1999, RG 1996/88663) ;
- Les reproductions d'œuvres graphiques telles que les tableaux ou photographies, en petite taille, ne sont pas des courtes citations (Cass, 22 janvier 1991, RIDA 1991, n ° 147, p. 119 ; CDA 1991, n° 35, p. 1, note L. Bochurberg ; JCP 1991, II, 21680, note L. Bochurberg). À partir du moment où la reproduction est intégrale, il ne peut s'agir d'une courte citation, et cela, même si la reproduction est de taille minime ;
- Un recueil comportant des répliques de films n'a aucun but informationnel ; par conséquent, l'exception de courte citation ne peut s'appliquer (TGI Paris, 9 avril 2013, RG 13-52517).